Est-il plus facile pour un croyant de rassurer une personne en train de mourir ?
Question d'origine :
Est-ce qu'il est plus facile pour un croyant de rassurer une personne qui est en train de mourir que pour quelqun qui n'est pas croyant?
Réponse du Guichet
Il est difficile de répondre objectivement à votre question. Voici donc quelques pistes que nous vous laisserons creuser.
Bonjour,
Il nous sera difficile d’affirmer des vérités tant cela dépend du caractère de chacune des personnes en présence; que ce soit le croyant (qui peut appartenir à l’une des trois grandes religions), ou la personne mourante en face chez qui la religion trouvera ou non un écho.
En bref, nous n’assènerons pas une vérité, et il n’existe pas de réponse objective à votre question. Nous essaierons donc de vous donner plutôt quelques pistes bibliographiques sur le sujet et vous laisserons piocher dedans en fonction de ce qui vous correspondra le mieux.
Néanmoins, globalement, nous pouvons sans trop nous avancer, affirmer que le fait de croire en un Dieu, une puissance supérieure, permet de relativiser l’approche de la mort et de ce qui advient après.
Une esquisse de réponse vous a d’ailleurs déjà été faite dans votre précédente question sur le sujet.
Commençons par rappeler que la peur de la mort est tout à fait normale chez l’être humain. Nous vous renvoyons à l’article déjà cité dans une précédente réponse où une psychologue donne quelques clés pour affronter l’angoisse de la mort.
Dans l’ouvrage Surmonter l’épreuve du deuil d’Helen Alexander, l’auteure rappelle :
« De nos jours, la mort reste un sujet tabou. A part ceux qui la côtoient dans leur travail, la plupart d’entre nous ne sont en contact avec la mort que par des images de télévision ou dans les journaux (…) Passer du temps avec celui ou celle qui va décéder représente une bonne occasion pour les affects des deux parties de réaliser ce qui se passe. Et tandis que nous intégrons la réalité de la mort, il devient alors possible de se dire adieu en admettant la réalité. »
Pour les croyants, la mort représente un passage d’un monde à l’autre. Elle n’est pas une fin en soi mais souvent même le début d’autre chose. Cet article précise :
" La mort est partout comprise comme un départ, un passage de ce monde à un autre, inconnu. La foi chrétienne en la résurrection professe que dans le passage d’une vie à une autre, même quand ce passage est étroit et difficile, c’est toujours la vie qui triomphe. Partout dans le monde des monuments attestent la conviction que quelque chose du défunt n’a pas disparu ; toute visite au cimetière le confirme.
La réserve, la défiance et même le déni des pays européens ne doivent pas faire oublier que la solidarité des vivants et des morts est une exigence fondatrice pour toute société. Cette pratique universelle permet de conclure que les rites traditionnels signifient un accompagnement d’une étape présentée habituellement comme une « migration de l’âme ». Cette expression est ici entendue au sens de ce qui fait l’aspect mystérieux et insaisissable de la personne humaine. Elle atteste que la mort est comprise comme l’irréversible départ d’une personne vers un autre monde.
Le christianisme apporte une dimension spécifique. La vie chrétienne est en effet fondée sur un événement : la mort et la résurrection de Jésus. La vie chrétienne est un partage du passage de Jésus à son Père. Il ne s’agit pas seulement de « migration de l’âme », mais de l’espérance que toute personne, à l’image du Christ, est appelée à entrer dans la gloire, avec le plus matériel, le plus fragile et le plus humble de la condition humaine. »
Ainsi aider les personnes très âgées et les malades en phase terminale à mourir, c'est les aider à accepter leur finitude. Pour ce faire, les croyants (laïcs, pasteurs, aumônier, prêtre, imam ou rabbin) proposeront souvent aux personnes en fin de vie de prendre un moment pour prier ensemble. Ils peuvent alors s’adresser directement à Dieu, ou l’officier religieux pourra prier pour la personne mourante.
Cet autre article peut également vous fournir des pistes pour accompagner une personne en fin de vie, notamment dans le domaine spirituel.
La page Wikipedia sur la mort décline rapidement quelle dimension prend la fin de vie pour chaque religion.
Enfin cet article de la revue Etudes sur la mort ajoute :
« La grande majorité de l’humanité, et depuis la nuit des temps, croit en la survie de l’âme et toutes les religions enseignent l’existence d’une vie dans l’au-delà, parce-que c’est une conviction humaine, un espoir contre l’anéantissement absolu. Mais quel au-delà? Et comment y accéder? Quelles sont les conditions nécessaires pour survivre, encore et toujours, au-delà de la mort même?
Croyances et religions ont rempli la peur du néant par l’existence des paradis et des enfers, par l’invention du purgatoire et, même, par la peur de la damnation éternelle, car, s’il y a damnation et enfers, cela veut dire qu’au moins, il y a «quelque chose», après. L’humanité a pensé et crée «tout» ce qui peut vaincre la peur du vide, meubler le néant. Il faut donc se préparer à cette vie de l’au-delà où l’âme est immortelle et ces préparatifs deviennent le reflet de la conscience humaine, de ses aspirations morales et de son besoin de réconfort. Peu à peu, les préparatifs spirituels vont se préciser, s’étoffer, se codifier jusqu’à occuper, à certaines périodes de l’Histoire, l’entier de la pensée humaine et durant toute la vie. Philosophique ou religieuse, cette préparation commence avec la première éducation et se poursuit jusqu’à la mort.
Reconnue, fréquentée, la mort peut alors être plus ou moins acceptée comme un phénomène physique et spirituel qu’on commence à contrôler, à maîtriser, et on se donne l’illusion, presque, de la prévoir puisqu’elle est préparée, et de lui avoir arraché une partie de son caractère fatal et terrifiant.
La science et particulièrement la médecine, bien sûr, ont contribué à conforter l’être humain dans cette idée, non pas en diminuant le caractère inéluctable et mystérieux de la mort, mais en agissant sur les façons de mourir, sur les conditions de la mort. »
Afin d’aller plus loin sur le sujet, voici quelques livres à dimension spirituelle concernant la fin de vie :
Vivants jusqu’à la mort / T. Châtel
Accueillir la mort / E. Kulbler-Ross
Mourir / P. Lepic
L’art de mourir / M. de Hennezel
Les derniers instants de la vie / E. Kulbler-Ross
Pour comprendre les pratiques religieuses des juifs, des chrétiens et des musulmans / Isabelle Lévy
Accompagner la fin de vie / R. Yuno Rech
Vivre avec nos morts / D.Horvilleur